top of page

Articles

Qu’est-ce que le système de succession adelphique ?

  • instemps69009
  • 8 déc. 2017
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 déc. 2017

En Arabie Saoudite, le système de succession est adelphique. A la différence des monarchies « classiques » européennes où le trône se transmet verticalement de père en fils ; le règne saoudien, lui, passe de frère en frère d’une même génération.


Ce mode de succession existe depuis le Moyen Âge dans tout le monde arabo-musulman. Ce système de transmission du pouvoir est plus complexe en Arabie Saoudite, il n’est pas linéaire. Le roi n’est pas forcément le frère le plus âgé, mais il le membre de la famille le plus puissant et le plus influent.

Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud est le premier roi de l’Arabie Saoudite moderne et le fondateur du troisième État saoudien en 1932. Il a eu 32 épouses qui lui ont donné 53 et 36 filles. Parmi ses fils, six d’entre eux lui ont succédé et sont devenus roi à leur tour.

Un système de succession qui se modernise

Le roi Fahd, monté sur le trône en 1982, a pris conscience du fait que ce mode de transmission de pouvoir favorisait la mise en place d’une gérontocratie (régime politique dans lequel les pouvoirs sont exercés par les personnes les plus âgées de la société) dans le royaume. Il a donc réalisé que ce système de succession était incompatible avec l’évolution d’un pays moderne. Par conséquent, il a promulgué une «loi fondamentale» en 1992 qui donne pour la première fois un cadre juridique à la question de la succession et de la transmission du pouvoir dans le pays. La loi de 1992 prévoit que la direction du pays sera limitée «aux fils du fondateur le roi Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud et leurs descendants». L’avantage est alors la désignation d’un roi plus jeune. En revanche, ce mode de désignation n’a fait que monter les clans, issus des différentes épouses, les uns contre les autres. La loi permet ainsi à la branche des Soudayri, rivale des Saoud, d’accéder plus facilement au trône. Au final, cette loi a eu pour seul effet de rallonger la liste des prétendants au trône, qui compte maintenant non seulement les fils du roi, mais aussi ses petits-fils. En 2006, le roi Abdallah crée le Conseil d’allégeance qui a pour principale fonction de désigner un héritier et d’assurer la transition générationnelle. Ce conseil est composé de descendants de Saoud, ses fils (membres à vie) et ses petits-fils (membres pour 4 ans). Les rois saoudiens veulent donc adapter leur système de succession à la société actuelle.


La fin du mode de succession adelphique : un coup d’État royal

Le roi actuel, Salmane, est le 25ème fils d’Abdelaziz, il a été couronné le 23 janvier 2015. Il est le premier roi à désigner son fils en tant que prince héritier. Mohammed ben Salmane (MBS), nommé prince héritier à 31 ans, parvient alors à évincer le prince Mohammed ben Nayef (cousin de MBS). Le roi Salmane est âgé lui de 81 ans, serait très malade et tout prêt d’abdiquer. En désignant son fils prince héritier, il met un terme à la règle de succession adelphique. Mohammed ben Salmane pourrait ainsi devenir le plus jeune roi de l’histoire de la monarchie ultra-conservatrice du Golfe. La décision du roi de désigner son fils peut, en effet, être qualifiée d’un véritable coup d’État royal car elle met fin au mode de succession fondé sur une transmission du pouvoir entre frères, établi depuis la fondation du royaume. Le nouveau prince héritier pourrait être roi beaucoup plus jeune que ses prédécesseurs et régner pendant un demi-siècle.

Un changement du mode de succession adelphique pour un système patrilinéaire (à l’image des rois de France) semble être un des défis majeurs que le prince héritier Mohammed ben Salmane devra relever dans les années à venir.

Un système de succession qui se distingue des autres pays du Moyen-Orient

Le trône de Bahreïn lui, est héréditaire. Il se transmet du roi, le cheikh, à son fils aîné, puis au fils aîné de celui-ci et ainsi de suite. Cependant, l’émir peut également désigner l’un de ses fils, autre que l’aîné, comme successeur. Lorsque le cheick Hamad Ibn Issa al-Khalifa prend le pouvoir, suite à la mort de son père, en 1999, il modifie la monarchie absolue en monarchie constitutionnelle en 2001. Le système de succession n’est donc pas adelphique mais un système patrilinéaire.

Au Koweït, le dauphin est désigné par un ordre des émirs sur nomination de l’émir, et avec l’approbation de l’Assemblée nationale qui devra être signifiée par un vote à la majorité de ses membres en séance spéciale. La famille désigne donc le successeur avec l’accord de l’Assemblée nationale. Cette procédure rend les crises de succession beaucoup moins probables, et accorde un certain degré de légitimité populaire au souverain. La Constitution promulguée le 11 novembre rappelle que le Koweït est un émirat héréditaire, que le pouvoir exécutif est confié aux descendants de l’émir Moubarak. L’Assemblée nationale et l’émir se partagent le pouvoir législatif. Ici, le système de succession est bien différent de celui de l’Arabie Saoudite qui lui se démarque par une absence de séparation de pouvoir. Ce manque de contrepoids est directement lié au fait qu’aucune instance judiciaire ou législative n’est autorisée à contrôler la constitutionnalité des textes adoptés.

Victoria SOLANO


Crédit photo : ©HO/Saudi Press Agency - AFP

Crédit Infographie : LaCroix.fr

Comments


  • Twitter - White Circle
  • Instagram - White Circle
  • Facebook - White Circle

© 2017 by Ins'Temps -

Proudly created with Wix.com

bottom of page