Les origines du conflit entre l’Arabie Saoudite et le Yémen
- instemps69009
- 7 déc. 2017
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 déc. 2017
La guerre entre l’Arabie Saoudite et le Yémen est toujours active. La Première ministre britannique Theresa May, arrivée à Riyad le mercredi 29 novembre, veut convaincre le royaume saoudien de laisser entrer davantage d’aide humanitaire au Yémen. Rien n’est encore joué. Mais quelles sont les véritables origines de ce conflit?

Tout commence par une coalition militaire menée par l’Arabie Saoudite contre le Yémen, depuis le 26 mars 2015. Les bombardements font rage. Cette coalition est lancée à la demande du président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi, chassé du pays par une rébellion et réfugié à Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite. Les rebelles houthistes, des chiites originaires du Yémen, sont les cibles des bombardements. Ils sont néanmoins soutenus par l’Iran, grand rival de l’Arabie saoudite dans cette région.
Les violences et les bombardements aériens dans le pays n’ont pas débuté le 26 mars. Ils sont antérieurs. Le bilan dressé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fait état d’au moins 767 morts et 2900 blessés, et ce, depuis le 19 mars. Le bilan s’alourdit de jours en jours. Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), 405 civils ont péri suite aux frappes. 300 000 personnes ont fui avant l’intensification des combats. Ils se sont réfugiés à l’intérieur du pays. 120 000 autres personnes les ont rejoint. Le pays manque de beaucoup de choses, notamment de vivres, de carburant et même de médicaments pour les malades chroniques.
Les rebelles ont conquis l’essentiel du pays
Après avoir été chassé de la capitale Sanaa, puis du grand port d’Aden situé dans le sud, le président Mansour Hadi a décidé de quitter le Yémen, et ce, au mois de mars. Dès le mois de septembre, les milices houthistes avaient déjà pris le contrôle de Sanaa. Ces dernières sont alliées à celui qui a dirigé d’une main de fer le pays jusqu’en 2012, le dictateur Ali Abdallah Saleh.
Les rebelles ont conquis l'essentiel du pays en se présentant comme un mouvement des déshérités. Une contre-révolution a été menée par leurs soins, notamment après le mouvement qui, dans la foulée du « printemps arabe », avait emporté Ali Abdallah Saleh. Par la suite, les élites politiques, tribales et militaires du pays se confrontaient, afin de se redistribuer le pouvoir.

Une large coalition arabe s’est ralliée à l’attaque saoudienne
Le Yémen est pris dans un affrontement géopolitique régional entre l’Arabie Saoudite, monarchie sunnite et l'Iran, république islamique chiite, qui soutient les rebelles houthistes. L'Arabie saoudite bombarde pour empêcher l’établissement d’un régime pro-iranien à sa porte.
Une large coalition arabe (huit pays du Maghreb et du Machrek) s'est immédiatement ralliée à l'attaque saoudienne, ainsi que le Pakistan. Tout en condamnant violemment l’attaque saoudienne, l’Iran a proposé de dépêcher ses diplomates dans la région et de faciliter des négociations de paix. Le soutien concret de ce pays face aux houthistes était difficile à évaluer.
Ces derniers montrent une volonté d'indépendance. Le degré de parrainage qu'ils sont prêts à accepter de l'Iran n'est pas clair. Néanmoins, en faisant confiance à l’Iran, ils pourraient bénéficier de l’appui de miliciens du Hezbollah libanais ainsi que de cadres militaires iraniens. Cette aide leur serait très précieuse lors de combats.
La coalition saoudienne a jouit du soutien du Conseil de sécurité de l’ONU
L’intervention de l’Arabie Saoudite est-elle légale ? En effet, elle l’est grâce à l'appel du président en exil reconnu par la communauté internationale. Néanmoins, elle est tenue de respecter le droit humanitaire, appliqué aux conflits armés non internationaux (les houthistes constituent une rébellion dans un cadre national).
Les obligations concernent les bombardements en zone urbaine, la protection des civils et des belligérants ayant laissé leurs armes mais aussi le ciblage d’installations militaires. Plusieurs bombardements de civils ont eu lieu, dès les premiers jours, y compris dans le centre de Sanaa. L’organisation Human Rights Watch avait déjà relevé la mort de 767 personnes sous les bombardements.
La coalition saoudienne, en 2015, a joui du soutien du Conseil de sécurité de l’ONU. Le Conseil a voté à l’unanimité un embargo sur les armes destinées aux houthistes. La France soutenait diplomatiquement l’Arabie Saoudite, tandis que les Etats-Unis apportaient un soutien logistique ainsi que des renseignements à la coalition. L’ONU, quant à elle, avait réclamé un cessez-le-feu. Selon les Nations unis, la guerre menée au Yémen par l’Arabie Saoudite a fait, depuis mars 2015, plus de 8.500 morts et a provoqué "la pire crise humanitaire de la planète".
Chloé RISTE
Crédit photo: ©Abdullah al-Qadry, AFP | Sanaa est depuis septembre 2014 aux mains des milices chiites Houthis, que combat la coalition saoudienne depuis mars 2015.
Source carte : LeMonde.fr




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